Rote&Chimou : épisode quatre. Une contribution de Berthe Chorizo.
Fête des mères,ce jour là, je fais grêve des casseroles donc je trouve dans
l'annuaire une "auberge de la forêt", sa terrasse ombragée en bordure de
rivière, cuisine raffinée...spécialité d'écrevisses, miam...Je téléphone pour
vérifier si c'est ouvert:
_Auberge de la forêt, bonjour
_Bonjour
Monsieur
_Non,c'est Madame
_(....)Une table pour 5, vers 13 h, c'est
possible ?
(gros soupir)
_Ben oui, mais pas plus tard
On s'est perdu dans
la campagne, puis dans la forêt, puis dans le village . Bref, on est arrivés
vers 14h30. L'accorte patronne, sanglée dans un fourreau léopard, nous a
un peu décontenancé, sa voix de déménageur aviné aussi..
_La terrasse est
fermée, fallait arriver avant, je vous ai mis là, (à côté d'une famille
entourant un communiant replet, environ 50 personnes, qui chantent en choeur
il est des nôôôtres, il a bu son verre comme les zôôôtres.)
Adieu calme
bucolique, mais bon, on va se régaler. Une demi -heure plus tard, la patronne
est venue nous demander ce qu'on prenait comme dessert, mais, vu qu'on
n'avait pas encore eu ni l'entrée, ni le plat de résistance, on n'a pas voulu
le commander tout de suite, elle a esquissé un saut carpé vers la cuisine,
et malgré la polyphonie voisine,on a bien entendu qu'un certain Robert
passait un sale quart d'heure
_Non, il n'y a plus d'écrevisses !
Cigarette
au bec, elle nous a ramené
*un hors d'oeuvre varié (oeuf mayo, betterave et
(folie suprème)un douzième de quartier de tomate.
*des filets de sandre,
bien carrés, une pyramide de riz bien compact surmonté d'une écrevisse bien
pourrie.
Ma main puait tellement après avoir touché cette
malheureuse bestiole qui devait sauter d'assiette en assiette depuis
au moins quinze jours , que je suis allée me laver les mains.
Une
splendide toile d'araignée grise et lourde de poussière partait du robinet
d'eau chaude et ondulait langoureusement jusqu'au porte serviette. ...Vide de
serviette, bien sûr. Le sol faisait chouik-chouik de graisse et de crasse
ou de grasse et de craisse, même, peut être!!!
Nous sommes partis,sans le
dessert, sans pourboire.
J'ai lu dans le journal, quinze jours après que le
"restaurant de la forêt", avait été le, témoin d'un rêglement de
compte sordide, un certain Robert y avait été sauvagement
poignardé...(encore un coup du vengeur à l'écrevisse)
Tout est
rigoureusement vrai, hélas