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La Semaine de Buvette
2 août 2006

Le Rote et Chimou, épisode Un.

rcSi d’aventure vous en arriviez à habiter la charmante campagne du Bourbonnais (Saint Tropez c’est très surfait finalement), vous en viendrez parfois à vous demander avec angoisse comment vous pourriez bien vous sustenter tant l’exode rural a bien fait son travail. Mais si vous ne faites que visiter vous céderez sûrement au complexe de l’urbain en quête de sens (ça ne veut rien dire mais c’est à la mode) à savoir : « ma chérie, si nous dînions dans une auberge typique, une gargote en somme. »

Cherchant alors l’endroit le plus reculé de ces montagnes vous ne manquerez pas de pénétrer le petit village de Saint Benoît l’Etendard, charmante bourgade de quarante et une âmes un quart (papy a l’Alzheimer – je sais pas l’écrire, je t’emmerde) dont la spécificité la plus spécifique est d’abriter une superbe chapelle du douzième siècle entièrement rénovée en béton armé. Là vous vous dirigerez vers l’établissement nommé Le Central et dont l’enseigne clame « casse-croûte à toute heure », ce qui ne manquera pas de faire naître en vous un sentiment d’autosatisfaction intense puisqu’en effet il EST toute heure en ce moment même.

Certes les toiles cirées écaillées tendues sur les trois longues tables aptes à accueillir un régiment chacune auront un moment raison de votre sens de l’esthétique. Certes les cinq consommateurs au regard sombre sur des joues rouges qui répondent « mmm » à votre « bonjour m’sieurs dames » (vous cherchez un peu aussi) glaceront votre jovialité. Certes le fait de devoir écarter les mouches mortes du banc pour poser une fesse après cinq minutes d’attente dans un silence complet sous les regards fixes des locaux(c’est pas que vous ayez interrompu une discussion, c’est qu’ils n’ont rien à se dire) sans que le gérant montre le bout de son nez choqueront vos principes hygiéniques. Mais dites-vous bien que ce n’est rien par rapport à ce qui vous attend.

Car voilà qu’arrive, joufflue, mafflue, poil de bique au menton et chaussons aux pieds la patronne de l’endroit, le pied traîne mais nonobstant elle avance jusqu’à se planter devant vous et vous gratifier d’un peu amène « Qu’est-ce vous voulez ? ». Vous excusant platement de l’avoir dérangé alors qu’elle avait sûrement mieux à faire, vous vous renseignez sur la teneur du menu quotidien, vous disant que, baste, consommer un produit de qualité peut supporter une certaine malséance, que c’est ça aussi la campagne, éloigné de toute hypocrisie urbaine, que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs grimaces…

L’on vous propose une assiette de cochonneries (entendez de charcuterie) avec jambon, saucisson. Curieux, vous demandez s’il s’agit de jambon de pays et la réponse est nette et sans bavure : « ben oui qu’il est de pays, il est même du pays basque ». Puis vient l’énoncé du plat du jour, à savoir dans ce pays d’élevage de charolais, une choucroute. Ne pensez même pas à demander une quelconque alternative, car à l’instar de nos élites politiques, la tenancière n’a pas de plan B, c’est à ce moment précis, alors que vous songez à vous enfuir que vous remarquez les fusils posés près des autres consommateurs qui vous fixent toujours du regard. Lors, la mort dans l’âme vous commandez la chose.

Une demi-heure plus tard tandis que vous ne parvenez pas à finir votre apéritif  (un petit verre de rouge que « c’est mon beau-frère qui le fait, c’est du dix degrés. »), la matrone se ramène avec deux assiettes, vous annonçant qu’il n’y avait plus de jambon alors je vous ai mis double de beurre. Allégé de quarante euros pour deux, vous quitterez le troquet un peu déçu que la choucroute aie gardé la forme de la boîte certes, mais tellement heureux de ne pas avoir pris un coup de fusil.

Voilà un vrai retour aux choses essentielles: être en vie, tout simplement.

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Commentaires
B
Ca c'est bien mon petit Largentula. Tu passeras sous mon bureau à la fin de l'heure. A mon bureau, pardon.
L
moi je l'ai fait m'sieu ! ! <br /> http://largentula.free.fr/blog/index.php?2006/08/12/678-rote-et-chimou
J
Ah j'avais pas vu l'invit' au Rote & Chimou, sorry.<br /> Oui mais non, c'est gentil mais merci.<br /> Ou alors plus tard, très plus tard...
B
Non non monsieur Jio, c'est le rote & Chimou et vous êtes convoqué par la rédaction pour nous pondre un article avec le talent que nous vous connaissons.
P
C'est à publier dans la rubrique Guide du Nullard, tout ça.
La Semaine de Buvette
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