To beauf' or not to beauf'
Rien n’est plus insupportable que les propriétaires d’automobiles de luxe. Ces gens-là tiennent à leur véhicule comme à la prunelle de leurs yeux, ils le bichonnent, ils le caressent, ils lui offrent la meilleure essence, les pneus les plus fins, des pots d’échappement à bouts chromés… Ils investissent follement dans leur voiture et la plupart du temps, ils sont pauvres, ce qui explique au final que ces gens là soient agressifs dès qu’on touche à leur machine.
Il faut les voir se précipiter sur vous sous prétexte que vous avez légèrement enfoncé l’arrière du quatre quatre au feu rouge, l’œil injecté de sang, la lèvre écumeuse, la canine belliqueuse en hurlant à pleins poumons leur fameux cri de guerre :
« NONMAIKICEKIMAFOUTUUNCONPAREYONNAPAIDEDECONDUIRCOMSA !!!». Il faut les voir vous poursuivre avec une batte à la main (si si une batte) pendant plus d’un quart d’heure alors que vous avez à peine rayé leur carrosserie sur deux mètres avec vos clés, farce bien innocente en vérité.
Quels gnans gnans, qui couvrent leur auto la nuit pour qu’elle ne prenne pas froid, qui l’astiquent avec plus d’attendrissement qu’ils ne le font pour leur propre personne, qui la parfument au Dior Senteur des prés, qui la font visiter comme on fait visiter le Taj-Mahal. Est-ce que je fais visiter ma Clio moi ? Non. Et ce pour une bonne et simple raison : j’ai acheté une nouvelle voiture. Un coupé. Noir.
Et une batte.
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